Un peu d'histoire
Certes aucune industrie polluante n'est à redouter dans la ville qui conserve son caractère résidentiel ; mais, lentement, les parcs disparaissent, les arbres tombent, laissant la place au béton froid et dur. ... »
L 'histoire de ces 30 dernières années a validé leur crainte. A un point prés : s'il n'y a pas de pollution industrielle à Brunoy, la pollution routière sur la Nationale 6, la D54 et la D94 est bien présente. Le pire est à craindre.
Avant d'essayer d'examiner l'avenir de Brunoy, je propose un petit détour vers des constats étrangers (États Unis, Norvège) qui nous apportent des leçons à méditer. Puis nous reviendrons chez nous en essayant d'appréhender notre situation.
Car nous sommes très inquiets. La réalité actuelle de Villeneuve Saint Georges soumise à un trafic trop important nous fournit une référence d'intérêt tant à cause de l'aspect des abords de la Nationale 6, que de l'évolution de la composition de sa population. Serait cela l'idéal que l'on nous prépare ?
Comment se fait-il que des zones urbaines autrefois réputées pour leur qualité de vie, comme Villeneuve Saint Georges, ont vu se développer lentement, insensiblement, année après année, des zones sinistrées, des zones que seuls les plus défavorisés acceptent d'habiter en espérant des jours meilleurs ?
Est ce évitable ? Y a t il des causes identifiées ? Des éléments de réponse existent.
(Un article de Wikipedia, l'encyclopédie libre)
Un tipping point, qu'on peut traduire par « point de basculement sociologique », « point critique sociodynamique », « seuil de tolérance » ou « angle de repositionnement », est une expression de la sociologie qui se rapporte à un moment dramatique où quelque phénomène singulier devient commun.
Cette expression a été créée par Morton Grodzins, qui a étudié les voisinages d'intégration américains au début des années 1960. Il a découvert que la plupart des familles blanches restaient au sein de leur voisinage aussi longtemps que le nombre de familles noires restait comparativement très petit. Mais, à un certain point, quand « trop » de familles noires arrivaient (environ 10-20 %) par rapport à la population totale), les familles blanches restantes se retiraient en masse selon un processus qualifié de « fuite blanche ». Il a appelé ce moment le tipping point
L'idée a été répandue et consolidée par Thomas Schelling en 1972 (prix Nobel d'économie 2005).
Quelles peuvent être les causes de nature à conduire vers le point de basculement sociologique ?
Les norvégiens nous rendent compte de leur constat dans un rapport révélateur (Référence : Examples of air quality measures near roads within Europe. National measures of the international CEDR air quality group July, 2005 :
The Norwegian Environmental impacts of traffic diversion measures in Oslo)
Ajnsi les norvégiens ont conduit de 1990 à 2005 une étude sur les impacts des mesures de modification de trafic à Oslo en observant l'évolution des populations sur la base des documents officiels
Cinq zones ont été étudiées.
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zone 1 : croissance du trafic routier et habitations proches de la route principale
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zone 2 : croissance du trafic routier et habitations plus éloignées de la route principale
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zone 3 : « zone de contrôle », pas de modification du trafic.
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Zone 4 et 5 : baisse de trafic routier.
Le constat ne surprend pas. Dans les zones 3 à 5, les conditions de vie mesurées se sont améliorées.
Il en va différemment dans les zones 1 et 2. La distribution ethnique y a profondément changé. La proportion d'autochtones y est passé de 90 à 65%. Le changement dans les familles avec enfants est particulièrement spectaculaire en zone 1. Les enfants d'autochtones sont remplacés progressivement par des enfants d'origine non occidentale.Oslo. Évolution en pourcentage de la proportion des enfants d'autochtones (0-14 ans) dans la zone 1 entre 1990-2000..
Il paraît sensé d'affirmer que les changements dans le trafic ont joué un rôle de catalyseur du processus de basculement sociologique. Toutes les zones où le trafic croit changent plus rapidement et profondément que les zones où le trafic baisse. Les familles avec enfants sont plus portées à répondre par un déménagement que les familles d'adultes quand les charges de trafic se modifient et quand la composition sociale et ethnique du voisinage change. Ces résultats concordent avec des résultats antérieurs montrant que les familles avec enfants sont les plus concernées par les caractéristiques matérielles ou sociales du voisinage.
Retour à Brunoy Changements prévus pour le trafic de la N6 et le réseau principal (D54, D94) . Conséquences prévisibles.
Y a t il des évolutions potentielles lourdes du trafic ? Existe t -il des possibilités de voir une évolution sociologique importante à Brunoy ? Est ce que le mécanisme de basculement peut avoir lieu ? Le risque est réel.
Car il est prévu des évolutions lourdes du trafic notamment sur la Nationale 6.
Les études de trafic conduites en 2004 indiquent que la capacité de la N6 au carrefour de la Croix de Villeroy passera de quelques 4500 véhicules heures à 8200. Selon ses mêmes prévisions le trafic passerait sur la Nationale 6, en heures de pointe, de quelques 3810 v/h à 6100 v/h. Au Nord de Villeneuve Saint Georges, les aménagements en boulevard urbain (Valenton) ne devraient pas créer de nouvelles capacités pour le transport individuel, voire les limiter. L'accroissement notable du trafic sur la Nationale 6 devra s'évacuer et si la Nationale 6 au Nord ne peut l'absorber ce sera le réseau urbain de Brunoy (D54, voirie locale du quartier Sud, D94) qui en aura fatalement la charge.
En l'absence de mesures de limitation drastique du trafic, des zones conséquentes de Brunoy iront vers le profil qui a déterminé le sort de la Zone 1 d'Oslo. D'autant plus que la capacité de trafic de la Nationale 6 en traversée de Brunoy, inférieure à 5000 v/h, pourrait conduire à des bouchons intraurbains et interurbains conséquents.
La ville de Brunoy deviendra une zone de circulation de transit à travers le Val d'Yerres.
Dés lors la question est : Y a t il dans notre région d'autres éléments favorables à un basculement sociologique de notre ville ?
Nous connaissons tous de nombreuses villes cosmopolites en Ile de France. Il est clair que la capacité de beaucoup de ces villes à assimiler de nouveaux arrivants est de plus en plus limitée. Si les flux migratoires restent élevés, la recherche de logements par les nouveaux arrivants sera pressante.
A l'image des habitants d'Oslo, des brunoyens chercheront à quitter les zones où la qualité de vie s'altère du fait du trafic puis les zones où les nouveaux arrivants modifieront notablement les équilibres sociologiques souhaités. Ce n'est ni l' offre de travail conséquente qui retiendra les habitants actuels à Brunoy, ni la qualité des transports en commun, ni l'efficacité des infrastructures routières, ni «ce qui faisait à Brunoy la joie de vivre ».
A proximité, l'attractivité de la ville nouvelle de Sénart est bien réelle. Il sera facile d'aller vers ces nouveaux lieux de vie porteurs des valeurs contemporaines et d'avenir sans s 'éloigner beaucoup. Les partants laisseront la place à des gens moins favorisés prêts à accepter les conditions de vie qui leur sont offertes. La spirale se poursuivra..... Et dans vingt ans, à l'image de la zone 1 d'Oslo, des écoliers brunoyens risquent fort d'être dans des classes à grande majorité d'élèves d'origine non occidentale.
Serait ce notre choix de société ? Veut-on mettre à mal notre mixité sociale qui est, il faut le dire, réussie ?
Pour éviter l'aggravation de nos conditions de vie il faut notamment :
limiter la vitesse sur la Nationale 6 en Essonne : réguler son trafic : exiger le respect des valeurs limites réglementaires des polluants (dioxyde d'azote et microparticules notamment) pour la préservation de la santé humaine. |
Dernières nouvelles
La politique de réduction du trafic routier se poursuit sur la D94 à Boussy Saint Antoine. Une raison de plus pour s'inquiéter du trafic à venir sur la route de la forêt qui va de Quincy à Brunoy.