Ce n'est pas parce que l'aménagement de la Croix de Villeroy se poursuit que cet aménagement devient un bienfait. Certes Le Parisien du Lundi 26 avril 2010 affirme avec autorité . "Ce sera un mal pour un bien". Le Parisien a ses certitudes et affirme ce qu'il lui plait... Nous nous croyons que ce projet ne respecte pas des textes importants (protection de la forêt, qualité de l'air) ou des textes plus récents comme ceux relatifs au Grenelle de l'environnement.
Le Grenelle de l'environnement existe ? Où ? ...
Le long processus du Grenelle de l'environnement a abouti à la loi du Grenelle 1. Elle a été l'objet de larges débats qui ont abouti à une loi de consensus où le contenu de chaque article est le fruit d'une réflexion aboutie. Une loi importante qui ne relève pas du luxe mais de la nécessité.
En voici un extrait
LOI n° 2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l'environnement (1) Article 10 I. ― La politique des transports contribue au développement durable et au respect des engagements nationaux et internationaux de la France en matière d'émissions de gaz à effet de serre et d'autres polluants, tout en limitant la consommation des espaces agricoles et naturels. L'objectif est de réduire, dans le domaine des transports, les émissions de gaz à effet de serre de 20 % d'ici à 2020, afin de les ramener à cette date au niveau qu'elles avaient atteint en 1990. ... |
Est ce que l'aménagement de la Croix de Villeroy répond à ces exigences.
Nous notons que :
les études soumises à l'enquête publique pour l'aménagement de la Croix de Villeroy indiquent que les normes européennes sur la qualité de l'air ne seront pas respectées ce qui serait un non respect d'un engagement international (directive communautaire).
nous constatons la destruction de plusieurs hectares de forêts (dont une partie en forêt classée pour raisons écologiques et pour le bien être des populations) et ne voyons pas que ce soit une limitation de la consommation d'espaces naturels .
Enfin, quant au traitement du point de congestion, il laisse abasourdi.
Peut-on sérieusement arguer que déplacer un énorme bouchon en l'aggravant du milieu rural au milieu urbain limite les impacts sur l'environnement. Les études trafic annoncent une aggravation conséquente des bouchons à Brunoy. L'étude "Air" réalisée à l'époque affirme que la pollution augmentera et que la situation sanitaire des populations riveraines s'aggravera.
Oui, nous le pensons. Le projet d'aménagement ignore le Grenelle de l'environnement. Et pour cause. Déjà prévu au siècle dernier, l'aménagement projeté reflète les objectifs et les pratiques de l'aménagement routier de l'époque.
Les objectifs : faire de la Nationale 6 une grande pénétrante vers Paris jusqu'au carrefour Pompadour (pas de feux, 110 km/h, dévier Villeneuve Saint Georges, compléter par un pont à poids lourds sur la Seine vers Orly/Rungis), les pratiques : privilégier le transport individuel, consommer l'espace sans compter (la forêt c'est pratiquement gratuit) , ignorer l'impact sanitaire.
Ainsi, les engagements du Grenelle de l'environnement font un bide à la Croix de Villeroy.
Les travaux continuent pour 19.2 millions d'euros sans que l'utilité économique et sociale soit démontrable. D'ailleurs, nous quémandons vainement un argumentaire rigoureux qui prouverait un bénéfice global.
Le déni
Tous les courriers, toutes les interventions pour remettre en cause ce projet ont été inutiles. Les décisions étaient prises. Aucun argument n'a éveillé la moindre incertitude, de l'existence des textes sur la forêt classé, à ceux sur la qualité de l'air ainsi qu'a la loi Grenelle I.
De manière imagée, nous avons été mis dans un train sans nous demander notre avis, notamment nous les brunoyens. Ici, la démocratie ne s'embarrasse pas de détails. Ce train poursuivra sa route pour atteindre sa destination. Notre sort y est prévu, le trafic augmentera, la pollution augmentera, le nombre de personnes soumises à une pollution au delà des valeurs limites augmentera.
Le contenu des enquêtes publiques, des études de trafic, de l'étude "Air" sont connus des maitrise d'ouvrage, maîtrise d'oeuvre et des promoteurs de l'aménagement (conseil régional et conseil général).
Les acteurs des aménagements en zones inondables (celles victimes de la tempête XYNTHIA) n'avaient pas de documents officiels décrivant comme prévue la situation qui s'est concrétisée à l'issue de la tempête. Dans le cadre de l'aménagement de la Croix de Villeroy, des conséquences néfastes sont annoncées , décrites et quantifiées. Mais les morts à venir de la hausse de trafic, de la pollution sont dans les esprits aussi inexistants que l'étaient les morts des inondations avant la tempête. Ce sont des morts statistiques. Ils n'émeuvent personne. Ici, l'événement serait que les nuisances annoncées ne se produisent pas.....
Certains ont choisi le déni. Pour eux les prochains progrès de la technologie automobile seront tels que les concentrations de polluants seront en dessous des valeurs limites pour la santé humaine. Ils rêvent. Même si c'était vrai, ils oublient que les valeurs limites sont des compromis entre besoin économique de trafic et santé des populations. Ce sont des valeurs maximales et non des valeurs idéales. En dessous des valeurs limites, les concentrations de polluants nuisent à la santé (allergies, cancers). Ils oublient aussi que la situation de 2004 était inquiétante. Si l'amélioration technologique est neutralisée par la hausse de trafic, la situation de 2012 sera celle de 2004 : très mauvaise. Il est vrai que le déni a toujours été pratiqué quand les conséquences d'une situation sont graves et que les portes de sortie ne sont pas plaisantes.
L'histoire en témoigne largement. Oui certains croient au miracle, comme ceux qui avaient construit en zones inondables.
XYNTHIA
L'article ci joint du Nouvel Obs ( à lire avec attention en notant les rôles des différents acteurs) montre que l'"aveuglement" peut être collectif ; ce n'est pas parce qu'un projet reçoit le soutien des élus ou des technocrates qu'il va dans le sens de l'intérêt général.
Ceux qui connaissent bien les différents aspects du dossier d'aménagement de la Croix de Villeroy pourront faire de nombreux rapprochements entre les deux dossiers.
Prévisions et actualisation.
Il nous a été fait observé plusieurs fois que les projections de trafic pour 2010 sans aménagement de la Croix de Villeroy retenaient un trafic beaucoup plus important que le trafic réél actuel. Ce trafic serait, aux dires des représentants de la DIRIF à la réunion du 19 décembre 2009 très voisin des chiffres de 2004.
Nous n'en sommes nullement étonnés.
Citons au moins trois raisons
l'aménagement actuel continue d'avoir un effet dissuasif important qui était déjà insupportable en 2004.
La situation sans aménagement ne devait pas exister encore en 2010. Elle n'existait pas comme une réalité potentielle mais comme un artifice de comparaison.
Aussi il était possible d'envisager que le nombre d'usagers croitrait et que ces usagers accepteraient des bouchons encore plus pénalisants. Or le nombre d'usagers de la Nationale 6 s'est stabilisé et beaucoup d'usagers potentiels ont trouvé des alternatives moins pénalisantes. Ils viendront quand la dissuasion du carrefour disparaitra.
Enfin la crise financière a tempéré l'activité économique. Le développement de Sénart demandera encore de nombreuses années. Sénart contribuera à augmenter le trafic Nationale 6 ne serait ce qu'à cause de l'état du réseau des transports collectifs vers Paris.
Un calcul des temps de trajet sur la Nationale 6 entre l'A5 et le Nord de Brunoy pourrait être fait sur la base des trafics actuels et de ceux prévus après aménagement. Dans cet exercice, il serait important de connaitre les hypothèses de réglage des feux en traversée de BRUNOY et d'interdire que le quartier Sud soit utilisé comme zone de délestage.
Nous n'en doutons pas. Après la mise en service de l'échangeur, avec les trafics annoncés, le temps total de trajet - traversée de la Croix de Villeroy plus traversée de Brunoy - sera encore-bien-plus-pire après qu'avant, à cause du trafic supplémentaire prévu. |
Poursuite de l'action.
L'histoire à démontrer maintes fois que les vérités sont changeantes.
Vérité en deçà, erreur au-delà
Erreur en deçà, vérité au-delà.
et qu'à condition de laisser le temps au temps, la raison finit par triompher.
C'est pourquoi nous allons persister, continuer d'observer la situation et d'actualiser nos informations. Nous n'en doutons pas. Le bilan économique et social de ce projet est négatif, y compris hors investissement ; il le restera. Voir ici.
Nous allons établir des indicateurs. Ils participeront à la mémoire de ce projet. Avec les documents d'enquête publique, ils montreront que dans ce projet les conséquences néfastes ne relèvent pas du hasard, mais de la volonté consciente. Dans les mois qui suivront la mise en service les constats (trafic pollution ) seront réalisés et les chiffres réels seront comparés aux prévisions. Un bilan sera fait.
Un nouvel indicateur
Aujourd'hui, la DIRIF nous informe.
Aussi dès mercredi 28 avril nous présenterons en page indicateurs un nouvel indicateur.
Cet indicateur sera le temps pour aller de Combs la Ville à Saint Germain les Corbeil à 8h 30 le matin. Nous avons les statistiques de 2009 et nous constaterons l'évolution provoquée sur la francilienne par la fermeture de la D33 entre la Croix de Villeroy et Tigery.
Nous n'avons pas retenu un trajet incluant la Croix de Villeroy. Il n'existe aucun système connu et fiable de mesure des trafics et des temps dans cette zone. Nous savons aussi que cet indicateur ne reflétera qu'incomplétement la perturbation liée à la fermeture de la D33 pour plusieurs raisons
- l'allongement des distances lié à la fermeture n'est pas pris en compte,
- une partie du trafic D33 passera par les ponts sur la Seine plus au Nord,
- une partie du trafic francilienne se déroutera et encombrera ailleurs (N19, A6) ,
- une partie des usagers changeront d'horaires ou d'emplois ....
A l'issue des travaux, nous calculerons le coût du temps perdu sur la francilienne par les usagers de la route suite à l'aménagement de la Croix de Villeroy sur la base de 20 euros de l'heure.
Observons que tout n'est pas négatif. Durant les travaux, le trafic N6 devrait rester stable et la situation des riverains de la N6 ne devrait empirer .... qu'à l'issue de l'aménagement. Le calme qui précède la tempête ...
Dans un premier temps, il n'y aura comme victimes de l'aménagement que ceux qui subiront les hausses de trafic, de bouchons et de trajet consécutives à fermeture de la D33. Des anciens usagers de la D33 (ils étaient 17 300 au quotidien) mais aussi ceux qui utilisent habituellement la francilienne (ils sont sans doute plus de 60 000) . Ces derniers n'avaient vraiment pas besoin de voir un nouveau trafic affluer à l'échangeur N104/A5 et de subir des dégradations en conséquences notamment aux heures de pointe. Il est vrai que les enquêtes publiques, la francilienne n'était pas concerné par l'impact des travaux à la Croix de Villeroy.
Et puis, deux ans c'est vite passé....
Alors ce sera le tour de Brunoy.
Version 01 du 26 avril 2010