Aménager c'est décider, aménager c'est choisir des avantages et prendre en compte les nuisances associées. C'est, en principe, fait pour servir "l'intérêt général".
Notre Conseil Régional et notre Conseil général, financeurs de l'aménagement à 85%, ont donc décidé ou approuvé... |
Essayons de mettre en exergue les décisions ou approbations explicites et implicites de l'aménagement Croix de Villeroy. Cinq points de vue sont retenus : forêt, trafic, pollution, transports collectifs, efficacité de la dépense.
FORET
La D33 et la Nationale 6 constitueront des axes routiers infranchissables
L'aménagement consacre le fait que
il n'existera pas une forêt de Sénart mais quatre forêts définitivement disjointes |
De nombreux hectares de la forêt sont réservés à l'emprise de l'ouvrage et aux besoins d'espace du chantier.
A la mise en service, le trafic et la pollution augmenteront. La forêt sera soumise à un stress de pollution très élevé. De nombreux chênes dépériront puis périront.
(Si vous avez un doute, recensez à Paris les chênes sur les avenues ou le long du périphérique... )
la forêt rétrécie sera encore affaiblie |
TRAFIC
Le trafic augmentera sur la Nationale 6 et la D33. Le Val d'Yerres restera une zone de faible attractivité économique. Le Val d'Yerres sera de plus en plus, pour la route comme pour le RER D, une zone à traverser. Les usagers de la route en amont et en aval du Val d'Yerres suffiront à saturer la Nationale 6, comme les usagers extérieurs Val d'Yerres suffiraient pour remplir largement les RER. Ce phénomène s'accroitra avec l'inadéquation croissante bassin de logements/bassin d'emplois.
Le trafic croîtra fortement sur le Val d'Yerres pour relier Paris à l'A5 et la N104 sud via la Croix de Villeroy, le quartier Sud de Brunoy, la D84, la déviation de Boissy Saint Léger (N19). Le trafic augmentera notamment sur Brunoy pour relier la Nationale 6 à la D84 (au carrefour de Willitch). Les bouchons actuels de la Nationale 6 à Brunoy et à la Croix de Villeroy se cumuleront aux entrées et en traversée de Brunoy. Le bouchon de Brunoy sera un des grands bouchons d'Ile de France. Il dépassera en renommée celui de Villeneuve Saint Georges.
La qualité de vie sera altérée. L'image de la ville de Brunoy, notamment du Quartier Sud, sera progressivement détériorée. |
POLLUTION
La pollution routière augmentera.
La pollution ne restera pas localisée à la Croix de Villeroy. De nombreux habitants à Brunoy et à Montgeron respireront un air pollué et verront leur santé s'altérer. Selon les prévisions, la pollution croitra et les valeurs limites fixées pour le respect de la santé humaine ne seront pas respectées. Selon les décisions, aucune mesure ne sera prise pour y remédier.
Plus de 2 000 personnes seront soumises à des concentrations de polluants au-delà des valeurs limites. |
Les limites réglementaires sont ignorées par les promoteurs de cet aménagement. La première cause de mortalité routière sera la pollution. Nul ne peut l'ignorer. Les effets cancérigènes des particules émises par les véhicules sont aujourd'hui bien documentées dans de nombreuses études épidémiologiques.
Certes, certains peuvent être tentés de s'inspirer de l'exemple de l'amiante. Alors que la nocivité était reconnue, l'exposition des travailleurs de l'amiante s'est poursuivie. Mais, différence essentielle, les industriels respectaient les normes...
TRANSPORTS COLLECTIFS (et circulations douces)
Les aménagements pour les circulations douces (piétons, vélos, cavaliers) constituent une pièce rapportée dans ce projet. Leur utilisation devrait être faible ; la fréquentation du carrefour de la Croix de Villeroy fortement pollué n'ayant rien d'attractif, seul le besoin impératif de franchir la Nationale 6 justifiera l'usage des pistes cyclables et cavalières.
Quant aux transports collectifs, ils ne bénéficient d'aucune infrastructure dédiée. Etant donnée l'architecture retenue pour l'ensemble, il sera impossible d'en rajouter une, ultérieurement, dans le cadre des emprises actuelles.
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Demain, beaucoup d'habitants de la région seront contraints de prendre leur voiture et encombreront la N104 et la N6 faute de transport collectif offrant un niveau de service satisfaisant.
EFFICACITE DE LA DEPENSE
Le coût prévu est de l'ordre de 20 millions d'euros. Essayons de représenter cette masse financière. S'il est admis qu'un chauffeur de bus a pour salaire 1600 euros par mois soit 20 000 euros par an
le projet d'aménagement de la Croix de Villeroy, |
Au moment où le taux de chômage est élevé, surtout dans les catégories les moins favorisées, les décideurs de l'aménagement de notre région rémunèrent du capital (grosses sociétés et gros engins du BTP) plutôt que de stimuler de l'emploi durable essonnien.
Bien sûr, ce serait admissible si l'efficacité économique ou sociale de la dépense pour l'aménagement était prouvée. Or, il est à craindre que la démonstration ait été omise.
Dans le cadre des documents soumis à l'enquête publique, le rédacteur écrit "Cette partie a été élaborée à partir de l'instruction de la Direction des Routes du 20 octobre 1998 sur les méthodes d'évaluation économique des investissements routiers en rase campagne." Le choix de "la rase campagne" permet de minorer largement l'évaluation monétaire des effets négatifs du projet. L'impact de l'aménagement sur les villes de Brunoy et Montgeron en termes de nuisances est escamoté.
Une actualisation de ce calcul en incorporant les coûts sur la santé humaine conduit à douter de l'existence d'un résultat positif ; même avant la prise en compte de tout amortissement...
Il n'est nullement démontré que cet aménagement constitue une dépense utile et efficace. |
Peut être est-il vrai que 20 millions d'euros, c'est une somme trop insignifiante pour avoir à être justifiée, seulement le salaire d'un chauffeur de bus....
pendant mille ans.
Et puis, en plus , s'il lui fallait un bus....
En conclusion,
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Version 01 du 10 mars 2010